- VARICELLE ET ZONA
- VARICELLE ET ZONAUn même agent viral étant à l’origine de deux affections distinctes, la varicelle et le zona, il est justifié de les étudier ensemble. La varicelle, maladie contagieuse de l’enfance fort connue, était autrefois confondue avec la variole (petite vérole); elle n’a été en réalité bien individualisée que depuis le XIXe siècle. Quant au zona, dont le nom rappelle la forme de l’éruption en «demi-ceinture», des notions épidémiologiques l’ont fait rapprocher de la varicelle bien avant l’isolement du virus en 1952 par T. H. Weller. En effet, des sujets sensibles à la varicelle contractent fréquemment cette affection dans l’entourage d’un zonateux. Toutefois, la signification exacte de ce rapprochement n’est pas entièrement acquise.VaricelleMaladie infectieuse très contagieuse, la varicelle procède par épidémies atteignant surtout les jeunes enfants, plus rarement les adolescents, parfois les adultes. La contamination se fait directement de sujet malade à sujet sain. Après une incubation de quatorze jours apparaissent quelques signes généraux: malaise, température modérée; puis le lendemain se manifeste une éruption de petites vésicules d’environ 1 mm de diamètre, contenant un liquide limpide et reposant sur une base souple. Leur nombre est variable suivant l’importance de l’affection, mais on en trouve en tous points du corps, la localisation au cuir chevelu étant particulièrement caractéristique. Seules les paumes de mains et les plantes de pieds sont respectées. Très rapidement le liquide se trouble, la vésicule se plisse, se dessèche et laisse place à une croûte mince qui tombe en huit à dix jours. Les vésicules sortent par plusieurs poussées successives à deux ou trois jours d’intervalle, de sorte qu’au même moment le sujet présente des éléments d’âge différent.Cette éruption prurigineuse peut entraîner chez l’enfant des lésions de grattage. Elle s’accompagne d’une hypertrophie ganglionnaire prédominant dans la région du cou. Les signes généraux restent discrets. La formule sanguine est modifiée: diminution des leucocytes avec mononucléose relative. La bénignité est habituelle. Cependant, on a signalé, surtout chez les enfants débiles ou dénutris, des formes graves accompagnées d’hémorragies, ou se compliquant d’atteinte pulmonaire ou nerveuse. L’administration intempestive de corticoïdes est également cause fréquente de l’aggravation de l’affection. Chez l’adulte, la maladie est rare mais relativement plus grave que chez l’enfant.En conclusion, la varicelle est une affection généralement bénigne, ne nécessitant pas de thérapeutique spéciale; toutefois les antibiotiques peuvent être utilisés pour éviter la surinfection des éléments éruptifs, cause de cicatrices indélébiles.ZonaLe zona est une affection caractérisée par une éruption douloureuse de vésicules analogues à celles de la varicelle, mais présentant la particularité d’être limitée à un territoire bien précis, qui correspond aux terminaisons des fibres d’un nerf déterminé. Cette affection est due à l’atteinte, par le virus de la varicelle, des formations nerveuses qui le commandent. Elle frappe des individus de tous âges et ne cause pas d’épidémies.La localisation des vésicules sur le thorax est la plus fréquente et constitue le zona intercostal . L’affection commence par une douleur à type de brûlure, accompagnée de quelques signes généraux et d’une hypertrophie ganglionnaire. Rapidement apparaît une éruption de «placards», qui débutent par une simple rougeur de la peau, faisant vite place à une poussée de vésicules à liquide clair dont l’aspect est le même que dans la varicelle. Les placards, en nombre variable, sont localisés dans le territoire cutané correspondant au nerf atteint, d’un seul côté: ainsi se trouve réalisé, dans le zona intercostal, l’aspect classique en demi-ceinture. Les vésicules se flétrissent en deux à trois jours, une croûte se forme et persiste une dizaine de jours avant de tomber, laissant une zone déprimée et dépigmentée (cicatrice blanche). Les douleurs particulières à type de brûlure, parfois très vives, parfois modérées avec diminution locale de la sensibilité cutanée, et la réaction ganglionnaire se prolongent pendant toute l’éruption; en revanche, les signes généraux restent modérés. La maladie évolue vers la guérison, mais chez le vieillard on rencontre des formes traînantes, récidivantes ou laissant des séquelles: douleurs, troubles trophiques. Les sujets dont l’état général est déficient peuvent présenter également des formes graves, avec hémorragies et gangrène.À côté du zona intercostal, on observe suivant la localisation toutes sortes d’autres formes; la plus importante est la forme ophtalmique , qui peut atteindre l’une ou l’autre des branches du nerf de ce nom. Des complications oculaires, kératite surtout, sont alors à craindre.Comme dans toute maladie à virus, le traitement étiologique est décevant. Cependant, les antiviraux et l’interféron peuvent rendre service dans les formes graves. Les antibiotiques sont utiles pour prévenir la surinfection bactérienne, et l’on s’attachera à calmer les douleurs par l’administration d’analgésiques et de vitamines du groupe B.Le virusLe virus de la varicelle est un agent du groupe herpétique qui présente au microscope électronique exactement la même morphologie que le virus de l’herpès [cf. HERPÈS]. Les particules virales sont de forme icosaédrique; elles contiennent une molécule d’acide désoxyribonucléique (ADN) incluse dans une capside protéique composée de 162 capsomères. Cette capside est elle-même entourée d’une membrane, ou enveloppe. Le diamètre de la capside est de 95 nanomètres, celui de la particule enveloppée d’environ 200 nanomètres.Le virus est fragile, et ne peut se conserver dans la nature. C’est l’homme qui en est le réservoir. On peut le cultiver in vitro , à partir des vésicules de varicelle ou de zona, en inoculant leur contenu à des cellules d’origine humaine, fibroblastes embryonnaires ou cellules thyroïdiennes. Les lésions cellulaires constituent des foyers qui s’étendent à la périphérie; l’effet cytopathogène ressemble à celui du virus herpétique: apparition d’une inclusion éosinophile dans le noyau de la cellule atteinte, margination de la chromatine.Le diagnostic de l’affection peut être effectué en laboratoire par la réaction sérologique de fixation du complément. Il n’existe qu’un seul type sérologique, ce qui explique que la varicelle ne frappe pas plusieurs fois le même individu. En revanche, un tel sujet peut contracter un zona.Le problème des relations profondes entre varicelle et zona n’est pas encore résolu. Le zona résulte-t-il d’une nouvelle contamination d’un sujet ayant déjà eu la varicelle, et chez lequel la modification des processus de défense empêche l’évolution du virus ailleurs qu’en certains points du système nerveux, ou bien (ce qui est plus probable) le virus persiste-t-il à l’état latent dans l’organisme, pour ressortir sans nouvelle contamination sous forme de zona, à l’occasion d’une agression quelconque? Le processus serait alors analogue à celui de l’herpès récidivant.
Encyclopédie Universelle. 2012.